Métropole : réseaux, alliances, clientélisme, résistances… (17/1/2015)

vue des quartiers nord …

2ème partie sur la métropole marseillaise : ses réseaux, les alliances, à nouveau sa gouvernance…

Cette deuxième session s’est attachée aux coalitions d’intérêt, aux postures qui convergent pour le maintien d’un espace politiquement fragmenté, concurrentiel certes mais non solidaire : coalition « anti Marseille », clientélisme et gouvernance.
Une métropole démocratique est-elle pensable, à quelles conditions ?



Intervenants


sociologue au Laboratoire Méditerranéen de sociologie (LAMES) – Aix-Marseille Université. Il a publié plusieurs études comparatives sur le clientélisme et la corruption à Naples et Marseille. Il publiera au printemps 2015, aux Presses des Sciences Politiques, un ouvrage sur la redistribution clientélaire et le gouvernement de la ville, à partir du cas marseillais : Mutations des ressources clientélaires et construction des notabilités politiques à Marseille (1970-1990)

  • Pierre GODARD

syndicaliste, co-auteur avec André Donzel de l’ouvrage:« Eboueurs à Marseille »,(2014 – édition Syllepse), qui retrace l’histoire du service public de la propreté urbaine à Marseille.


Regard sur la rencontre :

Cesare Mattina :

Le terme « clientélisme » est polysémique et souvent galvaudé, il est donc nécessaire de le préciser. Ce phénomène est composé de quatre dimensions :
1) les relations clientélaires, interpersonnelles, entre élu et électeurs qui échangent des biens et des services contre du soutien politique ou des promesses de vote. Dans les années 1950, un anthropologue anglo-saxon parlait à ce sujet d’« arriération des sociétés », d’ « anomalies ». Mais ce type d’études oublie toute la littérature américaine et anglaise sur les « machines politiques », ces patrons de bar irlandais qui ramenaient les voix des migrants au parti démocrate contre des services matériels, comme un logement ou un emploi.
Il n’y a pas d’études précises sur le contexte d’établissement de relations clientélaires. Mais nous pouvons en préciser plusieurs caractéristiques : c’est, en général, un environnement d’amitié, de réciprocité (voir les études consacrées à la sociologie du don), qui ne fait pas obligatoirement l’objet d’un rendu immédiat. Il s’agit plutôt d’une relation de confiance à construire sur la longue durée. J’ai retrouvé des échanges de lettres entre maire et notable marseillais qui faisaient état de cette confiance. Mais, globalement, peu de preuves existent, ou en attestent.
2) il y a une demande sociale pressante de biens et de services envers les élus : logement, place en crèche, concession au cimetière… ; elle peut aussi correspondre à un droit (logement), au rétablissement d’une injustice, ou à l’impression d’un droit, ou d’une appartenance aussi. C’est ce qui constitue 80% des demandes présentées aux élus !
3) le métier d’élu existe, différent du « professionnel de la politique ». Il se caractérise par des pratiques concrètes, une représentation de la « protection », ainsi qu’une recherche de « clientélisation », de fidélisation d’un électorat. Naturellement les élus manifestent cette pratique de la proximité, en faisant du terrain, lors des fêtes religieuses, par exemple. Il est important de prendre conscience de la façon dont fonctionne la machine électorale, avec, aussi, plusieurs mandats, plusieurs casquettes, plusieurs titres pour intervenir.
4) la redistribution clientélaire des ressources publiques : par exemple, l’embauche de père en fils à la Ville de Marseille. Ou bien l’attribution de biens ou services à certaines communautés proches du pouvoir, mais pas à d’autres.

Peut-on parler d’une forme de régulation clientélaire du prolétariat marseillais ? Çela a été vrai. Aujourd’hui, cette régulation est différenciée selon l’appartenance communautaire, et l’on parle d’ « invention politique des communautés ». On note à Marseille des communautés « gagnantes » : les arméniens, les juifs, les rapatriés d’Afrique du nord ; et des communautés « perdantes » : les maghrébins et les comoriens. L’ensemble est organisé à l’intérieur de territoires restreints, qui s’emboîtent avec les territoires électoraux. Et la métropole vient bousculer cet emboîtement. Prenons l’exemple de Bruno Gilles, né dans le 5ème arrondissement, maire du 3ème secteur de Marseille (4ème et 5ème arrondissements) depuis vingt ans, qui s’oppose à la métropole, car le changement d’échelle inhérent va lui poser des difficultés dans ses pratiques.

Qu’adviendra-t-il alors des élections métropolitaines à venir ?

Pierre Godard :

C’est une bonne chose que s’ouvre à nouveau le débat sur le clientélisme, et que ce débat progresse. C’est vital d’en parler, car le clientélisme va se développer : on gère une violente pénurie ! Par exemple, le service public se dégrade considérablement ; et aujourd’hui aucun élu ne propose un candidat issu de l’Afrique sur sa liste.
Depuis très longtemps Marseille est sale et pratique le « fini-parti ». Déjà au XIXe siècle, les « escoubiers », chargés de balayer les rues de Marseille, « cavalaient de plus en plus vite pour revendre ensuite leurs fumiers aux paysans ». Très controversé, le fini-parti fonctionne plutôt bien dans d’autres collectivités, comme à Lyon ou Bordeaux, où il permet aux agents de gérer leur temps de façon souple en fonction du volume de déchets à traiter (qui varie selon les saisons, le jour de la semaine, les fêtes, etc.). Mais à Marseille, faute d’encadrement, ce système est souvent synonyme de travail bâclé et de rues sales. Le fini-parti est une pratique ancestrale, qui n’a jamais été actée dans un document, notamment par Gaston Defferre.

Le clientélisme remonte clairement à 1920, quand la taxe d’enlèvement des ordures ménagères a été instaurée, et le maire Simon Sabiani, dans les années 1930, double l’embauche des services de nettoiement pour recruter les phalangistes qui vont casser les meetings de la gauche. Plus qu’un mot d’ordre hygiéniste, « Marseille : ville propre » devient alors le cri de ralliement d’une lutte des socialistes et des communistes contre la mainmise de Sabiani et de ses amis de la pègre sur les affaires locales. Ces recrutements ont fini dans les années 1970. Alors, les éboueurs ont dû se mettre à travailler, plus péniblement pour ceux en fin de carrière professionnelle…

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, le clientélisme se systématise avec l’hallucinante cogestion entre Force Ouvrière (FO) et les maires successifs de Marseille, de Gaston Defferre jusqu’à Jean-Claude Gaudin, qui a encore bénéficié de l’appui du syndicat majoritaire aux élections municipales de mars 2014. FO assure la paix sociale et l’influence électorale des quelque 15 000 employés municipaux, en échange de l’oreille attentive du cabinet du maire et du contrôle des embauches et des carrières. Le directeur (du nettoiement) ne peut être nommé que s’il est adoubé par LE syndicat. On ne réussit au concours d’agent de maîtrise que si on est sur la liste, on n’est muté à un poste enviable que si on cotise. C’est grâce à cet échange de bons procédés que Marseille, la soi-disant rebelle, a connu, en juin 1968, la grève des agents municipaux la plus courte de France. La cogestion est également le fait du prince : aux éboueurs qui s’inquiètent de « l’OPA des grandes sociétés » sur les incinérateurs en 1998, le directeur général des services, Jean-Claude Gondard assure : « Ils n’ont aucun souci à se faire. Lorsque les décisions seront prises, ils seront informés ».

Là où la droite au pouvoir à Marseille depuis 1995 se réfugie derrière « l’incivisme » supposé des habitants, voire une « africanisation » de leurs comportements, selon les propos de Guy Teissier, la seule fatalité du système est celle d’un service public détruit par le clientélisme municipal. À Marseille, on constate, en 1973, que le pourcentage d’employés étrangers dans cette catégorie est quasiment nul. Malgré l’usure physique, la cadence infernale et la faible rémunération, les emplois d’éboueurs restent recherchés à Marseille, puisqu’ils permettent d’effectuer des gâches ou de garder les enfants, lorsque le conjoint travaille également.

Le clientélisme est très résilient, et allie les contraires. La définition que vient de donner Cesare Mattina me semble partielle. Aujourd’hui, c’est plus compliqué, quand un agent veut faire recruter son neveu, par exemple, il doit prendre rendez-vous auprès de Mme Placide (cabinet du maire) qui l’inscrit sur la liste selon son rang et sa puissance ; cette procédure est vécue comme humiliante.
Ce qui domine aujourd’hui est plus grave : les familles blanches sont bien installées (embauches de père en fils, logement de fonction, situations enviables, appropriation de la gestion des buvettes des associations sportives…) ; souvent ces agents de maîtrise constituent une caste complètement chevillée à Force Ouvrière. « Ces gens ne peuvent pas parler, c’est toute leur insertion sociale qui est en jeu, comme l’affaire Vassal dans les quartiers nord ». Ce sont des mercenaires qui noyautent les CIQ ou les associations : quand ils se mobilisent, ils sont capables de pratiques réellement anti-démocratiques pour préserver leur embourgeoisement et leur notabilité. C’est un système stable, avec des crises, qui se résorbent ; c’est aussi un système très centralisé, qui conserve précisément la mémoire des services rendus.

Aujourd’hui les tensions proviennent de l’organisation de la métropole : l’enjeu est syndical. Dans la fonction publique territoriale, le clientélisme est un clou terrible ; des dirigeants syndicaux ont besoin de ces « services » ; aucun syndicat n’en est exempt. La décentralisation a amplifié le phénomène. Les syndicalistes sont désarmés. L’unité syndicale est très difficile à constituer, la violence de FO est terrible. Il y a un danger énorme sur l’avenir du syndicalisme ici. FO truste les phénomènes clientélistes sur le sujet de la métropole. D’autres syndicats tentent de combattre ce trust (intersyndicale FSU/CGT/ENSA/CFTC), mais l’enjeu est énorme et la résistance difficile. Les emplois de gardiennage sont clientélisés, les emplois précaires comme les vacataires aussi (à 400 €/mois). L’omerta se généralisant et le beefsteak devenant substantiel (subventions, marchés et « clientélisés ») le phénomène se déplace sur les sociétés privées.
Il n’y a pas à Marseille de mafia des éboueurs, comme à Rome ; mais certaines caractéristiques y font clairement penser, comme l’affaire Guérini avec l’entreprise Bronzo. L’équipe syndicale est chamboulée, les négociations se font au fond des bistrots, on sent bien quand quelqu’un bouge…on a un danger mafieux. Et ça peut représenter des incidences, comme par exemple sur le tri sélectif : quand les systèmes mafieux ont envahi la sphère des déchets à Naples, le tri sélectif s’est immédiatement arrêté. Il faut prendre conscience que ces histoires de déchets pissent le pognon. Dans le domaine de la propreté, de la collecte, du traitement des ordures ménagères, les processus qui conduisent aux décisions sont d’une nature profondément politique. Ce sont des choix qui doivent associer la population pour l’effort demandé au-delà de la seule contribution fiscale ; mais aussi la chaîne de salariés. Il y a un lien fort entre le succès d’une politique de propreté et le sentiment d’appartenance citoyenne.

Le débat est ouvert :

Il n’y a pas de mafia à Marseille

A la question : quels sont les rapports à la pègre et la grande délinquance ? Cesare Mattina répond qu’il a besoin de preuves, en tant que scientifique, pour analyser ce phénomène, et il n’y en a pas beaucoup. Pourquoi il n’y a pas mafia à Marseille ? Parce que les conditions ne sont pas réunies. Il y a eu la « french connection », certes, mais aujourd’hui il n’y a pas de lien visible entre le crime et l’entreprise capitaliste. La mafia en tant qu’Etat social, n’existe pas à Marseille. Il y a de la faveur sociale, certes, et de l’adhésion de la population. Mais, dans le cas, par exemple, du trafic de drogue, les « nourrices » sont dans la contrainte liée à la pauvreté.

Le rôle de l’élu

Quel est le rôle des élus dans le fonctionnement plus ou moins bon des institutions ? Les élus essaient-ils de refaire fonctionner les institutions ? A ces questions, Cesare Mattina répond que cela commence avec des associations au sein des mairies d’arrondissement pour accueillir et traiter la demande d’emploi (presque en concurrence avec Pole Emploi!).
Philippe Godard complète en précisant le rôle d’un élu qui, selon lui, est de créer des outils pour répondre aux demandes, et prendre plus au sérieux le problème du chômage de masse, évoquer des commissions d’attribution d’emploi transparentes (ce qui est fait à Paris pour l’attribution de places en crèche). « Je me pose en praticien de la lutte associative et syndicale ». C’est alarmant : des outils comme le conseil de discipline de la ville de Marseille, qui blanchit des gars très chargés, et punit des salariés en vraie détresse : cette justice-là est injuste !
Jean-Claude Gaudin annonçait « à la Communauté Urbaine, on va évoluer » ; il avouait également « je n’ai pas le réseau de Gaston Deferre ». Jean-Claude Gaudin est une bonne arme anti-conflictualité. Quand Nicolas Sarkozy est venu à Toulon en 2012, la société SERAM, cédée à SUEZ avec ses 400 salariés, a fait rentrer 400 personnes de FO qui ont constitué le public de bas de tribune. Jean-Claude Gaudin préfère ce type de service politique au service public. Toutefois certains élus sont pleins de bonne volonté.

Sylvie Andrieux et la politique régionale de la ville

Christian Deleusse souhaite témoigner : lorsque Jean-Claude Gaudin veut s’appuyer sur la gauche, Sylvie Andrieux est alors très bien placée, puisque députée, élue au Conseil Régional, omniprésente sur la scène politique… et ancienne copine de classe de Claude Bertrand ! Elle devient alors charnière entre gauche et droite. Les nouveaux postes de fonctionnaires à la région se constituent progressivement, avec de nouveaux budgets. Dans ce contexte, elle parvient à négocier pour distribuer à qui elle veut, droite, gauche. Elle a découvert le budget « politique régionale de la ville » qu’elle va développer et utiliser. Mais le Front National perturbe ce système. Avec Guérini qui fait partir les Comoriens du Panier, le financement du centre social Belsunce qui s’effondre, et le public homosexuel qui ne présente aucun intérêt clientélaire pour les élus, on peut dire que la politique régionale de la ville n’a guère de visibilité politique.

Le changement d’échelle

Damien Brochier pose la question du changement d’échelle. Si on regarde la presse de décembre dernier, qui évoque le mode de représentation au sein du futur conseil métropolitain, Georges Cristiani, maire (SE) de Mimet, dit : « Il faut une représentation plus forte de nos territoires. Nous représentons peut-être la moitié de la population mais 75% du territoire et 75% de son économie ». Le territoire, c’est celui qu’ils se donnent : Bruno Gilles dans les 4ème et 5ème arrondissements, Sylvie Andrieux dans les 13ème et 14ème arrondissements…la métropole suscite la fronde des petits maires qui défendent chacun leur territoire. L’histoire du syndicalisme et de la propreté, c’est aussi une question d’organisation du travail. Quand il y a une organisation intermédiaire syndicale, la relation entre hiérarchie et syndicat est biaisée. Ces cadres intermédiaires sont des pivots dans l’organisation du travail. Ne plus faire confiance à FO revient à désorganiser le travail. L’adjoint au maire de Lyon, Gérard Collomb, est proche de la CGT : les négociations sont biaisées. C’est un piège démocratique.
Cesare Mattina répond que le changement d’échelle bouscule l’emboîtement des machines politiques (arrondissements / municipales / cantonales / législatives). Pierre Godard ajoute que, dans la préface de son livre, Michel Samson écrit que le système ne peut pas changer (les politiques qui annoncent leur intention de cesser ce système séduisent, mais ils ne parviennent pas à le faire : popularité mais solitude !). D’ailleurs Marylise Lebranchu l’a bien compris, quand elle a déclaré qu’il aurait fallu réformer en premier les élus avant d’installer la métropole. Et, particulièrement, supprimer le cumul des mandats !

Une grande méfiance envers les élus

Sophie Camard est élue EELV au Conseil régional depuis 2010. Elle raconte que l’affaire Andrieux a produit une crise, provoquant soit des coupures drastiques de budgets pour certaines associations, soit de nouvelles injustices. Le succès du Front National dans les 13ème / 14ème arrondissements est la conséquence de la révolte ou de l’abstention.
Un « bon élu » répond à la demande sociale en débloquant des subventions. L’affaire Andrieux a aussi provoqué chez les fonctionnaires un besoin de se protéger face aux demandes des élus par crainte de se placer dans l’illégalité. Ainsi, le service juridique bloque tout, la moindre demande de subvention n’est pas traitée. De ce fait, les élus ont du mal à faire avancer leurs projets politiques. Par exemple, à Nice, les élus ont décidé le retour en régie directe de l’exploitation du chemin de fer, suite à Véolia ; or, cette décision a induit des rumeurs de clientélisme. Un autre exemple : nous nous sommes alliés avec le Front de Gauche pour parvenir à faire voter depuis 14 mois une station de mesure de qualité de l’air autour de la L2, compte-tenu des mécontentements exprimés. Dans les situations où les mesures indiquent une qualité acceptable les habitants restent méfiants. La seule façon de leur donner confiance a été de demander que la station soit mobile, pour pouvoir vérifier la fiabilité des mesures prises. D’autres exemples existent, aussi pour le personnel des lycées sur certains territoires, qui confirment une grande méfiance envers les élus. Il faut reconstruire, et travailler à une charte de déontologie pour les élus et les services.
Cesare Mattina confirme qu’on assiste à une montée en puissance de la redistribution clientélaire, en parallèle avec le néo-libéralisme. Le seul qui s’est le plus opposé au système dans le passé, c’est le maire Robert Vigouroux, mais au prix d’un processus anti-démocratique et très technocratique. Pour recentrer le débat sur la redistribution, il faut aujourd’hui se poser la question : à qui donne-t-on le moins ?

Les spécificités du clientélisme marseillais

Même si le clientélisme zéro n’existe pas, Catherine Dieterlen s’interroge sur les spécificités du clientélisme marseillais ?
Patrick Lacoste répond, en tant qu’ancien fonctionnaire de la Région, que les collectivités locales sont des machines de redistribution en direction des territoires ruraux, au détriment de la ville centre et pauvre. Sylvie Andrieux affectait environ 1.3 million en direction des quartiers nord de Marseille : au moins, là l’argent servait ! Quel pourrait être le moyen démocratique d’une redistribution sociale cohérente ? La métropole ne semble pas pouvoir offrir une réponse. La coalition actuelle a des effets plus négatifs que le système clientélaire lui-même. La seule façon cohérente aurait été le changement de périmètre des « petits barons ».

Profession architecte :

Marie-Hélène Biget confirme que sa profession (architecte du patrimoine) est également touchée par le clientélisme. L’association professionnelle des architectes dénonce le fait que 80% des marchés nationaux sont détenus par 3% des architectes. Cela induit une situation très difficile pour les autres architectes….

La vie culturelle à Marseille :

Philippe Foulquié dénonce le dévoiement de l’appareil social et politique dès qu’on s’approche du pouvoir. La vie culturelle à Marseille est en chute libre, regardez : Objectif Danse ne parvient même plus à faire venir Maguy Marin à Marseille, alors qu’Ariane Mnouchkine venait facilement en 1967 ! Et Pina Bausch a déclaré qu’elle ne viendrait plus à Marseille depuis qu’elle n’a pas été correctement traitée par je ne sais plus quelle grande structure culturelle…A côté de ça, le vice-président de la CCI, Dominique Buzet, dirige trois théâtres !

Pour conclure:

Cesare Mattina se bat contre une vision culturaliste du clientélisme et des réseaux. Les quatre dimensions décrites dans son exposé introductif sont partout. On peut citer Jean Tibéri à Paris ; aussi ce qui se passe à Lille. Est-ce différent ? La désindustrialisation des années d’après-guerre a entraîné partout la nécessité de se tourner vers l’emploi public. La crise du logement social existe aussi depuis l’après-guerre. Et le chômage de masse s’est installé depuis les années 1990. Et effectivement, à Marseille, ces trois composantes ont été et sont particulièrement fortes. Alors, les subventions aux associations ont doublé entre 1995 et 2006.

Pierre Godard pense que ce serait dommage de se quitter sur cette impression. Pour revenir au clientélisme, il est effectivement partout. Il faut une base sociale de masse pour en sortir. Tous les partis politiques ont une base qui veut en sortir, qui refuse ce système corrompu et corrupteur qui casse les consciences et qui fait mal. Mon espoir est dans le mouvement syndical, qui a une carte majeure à jouer, même s’il a du mal à la jouer : pour la culture, le service public, etc….

Revue Faire Savoirs n°11, 29-38 (sous presse)




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